Patanjali
Patanjali aurait vécu au 2éme siècle avant J.-C. estiment certains spécialistes, mais la plus grande partie de ce que nous savons de ce sage provient de légendes. Selon le mythe, il serait une incarnation d’Adisesa, le seigneur des serpents servant tantôt de couche, tantôt de trône à Visnu.
Il aurait été envoyé sur terre par la grâce de Siva pour écrire un traité sur la grammaire sanskrite et aurait reçu également l’autorisation de se consacrer à l’art de la danse comme tel était son souhait. En effet, Adisesa, émerveillé par la beauté et la majesté de la danse de Siva, voulait Lui rendre hommage.
Adisesa choisit pour mère terrestre Gonika, une yogini
qui n’avait pas eu le digne fils qu’elle souhaitait pour
transmettre sa connaissance et sa sagesse. Lors d’une prière
de Gonika au Dieu Soleil, elle prit de l’eau dans ses mains jointes
pour Lui en faire une offrande. Dans ses mains apparût un serpent minuscule qui prit la forme humaine, se prosterna devant elle et lui demanda de l’accepter pour fils. Elle l’appela Patanjali, pata signifiant tombé (du ciel) et anjali signifiant mains jointes en prière.
Patanjali écrivit alors un « Grand Commentaire » sur la grammaire sanskrite avec pour but d’illuminer l’esprit des locuteurs.
Il rédigea ensuite un traité sur l’ayurveda, la science de la vie et de la santé.
Finalement, il entreprit de codifier le yoga sous forme d’aphorismes dans un seul traité divisé en quatre chapitres. Jusque-là, la philosophie du yoga reposant sur l’école Samkhya, était éparpillée dans divers textes hindous comme la Bhagavad Gita, les Upanishad ou encore les Purana.
Il y analyse les principes éthiques et philosophiques, ainsi que les techniques psychologiques et physiques du yoga et les rédige sous forme de phrases succinctes, précises, profondes, pleines de dévotion et relativement courtes pour être facilement retenues, mais nécessitant un commentaire pour le non-initié.
Le yoga de Patanjali, exposé dans les Yoga Sutra, constitue une des six écoles (darsana) de la philosophie indienne astika (d’essence divine et qui reconnaît l’autorité des Veda).
En outre les danseurs classiques d’Inde rendent hommage à Patanjali en tant que danseur suprême.
L’invocation à Patanjali
Derrière l’invocation à Patanjali ne se cache nullement une intention de nous imposer l’adoration à quelque dieu ou guru que ce soit. Le yoga est tout le contraire d’une secte. La liberté de pensée, de croire ou de ne pas croire est respectée. Chacun a le choix de la chanter ou de ne pas la chanter selon ses convictions.
Le sanskrit est une langue sacrée qui porte en elle une pure beauté, une profonde spiritualité et une grande puissance.
L’invocation à Patanjali chantée en sanskrit avant le début de la pratique a pour objet :
-
de nous aider à déconnecter des turbulences relatives à la vie quotidienne
qui agitent notre cerveau en permanence. -
Elle fait jaillir en nous l’énergie favorable à la pratique du yoga.
-
Elle constitue un moment de rupture, de changement, un rite de passage entre le temps profane, durant lequel nos sens sont braqués vers l’extérieur, et le temps sacré favorable à l’éveil et à l’écoute intérieurs.
-
Elle permet d’accéder à un sentiment d’unité avec soi-même.
Enfin, elle nous rappelle que la tradition et l’enseignement du yoga dont nous bénéficions aujourd’hui auprès de professeurs dédiés, nous sont transmis, depuis des temps immémoriaux, par une lignée de maîtres et de sages, depuis Patanjali et même avant, jusqu’à B.K.S. Iyengar et sa famille. En chantant l’invocation nous leur exprimons notre profonde et respectueuse reconnaissance.
Aum, Aum, Aum
Yogena cittasya padena vacam
malam sarirasya ca vaidyakena
yopakarottam pravaram muninam
patanjalim pranajaliranato'smi
abahu purusakaram
sankha cakrasi dharinam
sahasra sirasam svetam
pranamami patanjalim.
Hari Aum
Je m’incline devant le plus noble des sages, Patanjali,
Qui apporta la sérénité de l’esprit par son œuvre sur le yoga,
La clarté du discours par son œuvre sur la grammaire,
Et la pureté du corps par son œuvre sur la médecine.
Je me prosterne devant Patañjali,
Dont la partie supérieure du corps a forme humaine,
Dont les bras tiennent une conque et un disque,
Qui est couronné par le cobra à mille têtes.
O Incarnation d’Adishesha, de couleur blanche, à Toi vont mes salutations.